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retourner, droit, debout, adossé aux échelons, ayant derrière lui l'incendie, faisant face au précipice, il se mit à
descendre l'échelle en silence avec une majesté de fantôme. Ceux qui étaient sur l'échelle se précipitèrent en
bas, tous les assistants tressaillirent, il se fit autour de cet homme qui arrivait d'en haut un recul d'horreur
sacré comme autour d'une vision. Lui, cependant, s'enfonçait gravement dans l'ombre qu'il avait devant lui ;
pendant qu'ils reculaient, il s'approchait d'eux ; sa pâleur de marbre n'avait pas un pli, son regard de spectre
n'avait pas un éclair ; à chaque pas qu'il faisait vers ces hommes dont les prunelles effarées se fixaient sur lui
dans les ténèbres, il semblait plus grand, l'échelle tremblait et sonnait sous son pied lugubre, et l'on eût dit la
statue du commandeur redescendant dans le sépulcre.
Quand le marquis fut en bas, quand il eut atteint le dernier échelon et posé son pied à terre, une main s'abattit
sur son collet. Il se retourna.
Je t'arrête, dit Cimourdain.
Je t'approuve, dit Lantenac.
III. OU L'ON VOIT SE REVEILLER LES ENFANTS QU'ON A VUS SE RENDORMIR 225
Quatre-vingt-treize
LIVRE SIXIEME. C'EST APRES LA VICTOIRE QU'A LIEU LE
COMBAT
I. LANTENAC PRIS
C'était dans le sépulcre en effet que le marquis était redescendu.
On l'emmena.
La crypte-oubliette du rez-de-chaussée de la Tourgue fut immédiatement rouverte sous l'oeil sévère de
Cimourdain ; on y mit une lampe, une cruche d'eau et un pain de soldat, on y jeta une botte de paille, et,
moins d'un quart d'heure après la minute où la main du prêtre avait saisi le marquis, la porte du cachot se
refermait sur Lantenac.
Cela fait, Cimourdain alla trouver Gauvain ; en ce moment-là l'église lointaine de Parigné sonnait onze
heures du soir ; Cimourdain dit à Gauvain:
Je vais convoquer la cour martiale, tu n'en seras pas. Tu es Gauvain et Lantenac est Gauvain. Tu es trop
proche parent pour être juge, et je blâme Egalité d'avoir jugé Capet. La cour martiale sera composée de trois
juges, un officier, le capitaine Guéchamp, un sous-officier, le sergent Radoub, et moi, qui présiderai. Rien de
tout cela ne te regarde plus. Nous nous conformerons au décret de la Convention ; nous nous bornerons à
constater l'identité du ci-devant marquis de Lantenac. Demain la cour martiale, après-demain la guillotine.
La Vendée est morte.
Gauvain ne répliqua pas une parole, et Cimourdain, préoccupé de la chose suprême qui lui restait à faire, le
quitta. Cimourdain avait des heures à désigner et des emplacements à choisir. Il avait comme Lequinio à
Granville, comme Tallien à Bordeaux, comme Châlier à Lyon, comme Saint-Just à Strasbourg, l'habitude,
réputée de bon exemple, d'assister de sa personne aux exécutions ; le juge venant voir travailler le bourreau ;
usage emprunté par la Terreur de 93 aux parlements de France et à l'inquisition d'Espagne.
Gauvain aussi était préoccupé.
Un vent froid soufflait de la forêt. Gauvain, laissant Guéchamp donner les ordres nécessaires, alla à sa tente
qui était dans le pré de la lisière du bois, au pied de la Tourgue, et y prit son manteau à capuchon, dont il
s'enveloppa. Ce manteau était bordé de ce simple galon qui, selon la mode républicaine, sobre d'ornements,
désignait le commandant en chef. Il se mit à marcher dans ce pré sanglant où l'assaut avait commencé. Il était
là seul. L'incendie continuait, désormais dédaigné ; Radoub était près des enfants et de la mère, presque aussi
maternel qu'elle ; le châtelet du pont achevait de brûler, les sapeurs faisaient la part du feu, on creusait des
fosses, on enterrait les morts, on pansait les blessés, on avait démoli la retirade, on désencombrait de cadavres
les chambres et les escaliers, on nettoyait le lieu du carnage, on balayait le tas d'ordures terrible de la victoire,
les soldats faisaient, avec la rapidité militaire, ce qu'on pourrait appeler le ménage de la bataille finie.
Gauvain ne voyait rien de tout cela.
A peine jetait-il un regard, à travers sa rêverie, au poste de la brèche doublé sur l'ordre de Cimourdain.
Cette brèche, il la distinguait dans l'obscurité, à environ deux cents pas du coin de la prairie où il s'était
comme réfugié. Il voyait cette ouverture noire. C'était par là que l'attaque avait commencé, il y avait trois
heures de cela ; c'était par là que lui Gauvain avait pénétré dans la tour ; c'était là le rez-de-chaussée où était
la retirade ; c'était dans ce rez-de-chaussée que s'ouvrait la porte du cachot où était le marquis. Ce poste de la
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Quatre-vingt-treize
brèche gardait ce cachot.
En même temps que son regard apercevait vaguement cette brèche, son oreille entendait confusément revenir,
comme un glas qui tinte, ces paroles: Demain la cour martiale, après-demain la guillotine.
L'incendie, qu'on avait isolé et sur lequel les sapeurs lançaient toute l'eau qu'on avait pu se procurer, ne
s'éteignait pas sans résistance et jetait des flammes intermittentes ; on entendait par instants craquer les
plafonds et se précipiter l'un sur l'autre les étages croulants ; alors des tourbillons d'étincelles s'envolaient [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]

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